Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles

Motion du C.A. de la SMAI. 10/07/2020


La SMAI exprime ses inquiétudes face au projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Tout en saluant l’annonce d’une revalorisation des métiers de la recherche, la SMAI émet des réserves vis à vis des compensations que celle-ci impliquerait.

Evaluer sur des courtes périodes et en tirer des conséquences sur le financement des projets de recherche ou sur l’obtention d’un poste définitif, sont des principes compétitifs utilisés dans d’autres systèmes nationaux. Ces méthodes n’ont pas plus de succès en mathématiques que le système français, avec un financement récurrent, système dans lequel la communauté s’est maintes fois illustrée, malgré des lourdeurs administratives que la LPPR devrait éradiquer.

Donner du temps et de la stabilité aux jeunes collègues leur permet de développer leur curiosité et leur personnalité scientifiques. L’excellence se construit par la multitude de productions intermédiaires qui fécondent un jour les plus hautes idées. C’est ce qui a conduit l’école mathématique française au tout premier plan mondial. De plus, il est essentiel de conserver une recherche diversifiée : les thèmes porteurs de demain ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Un financement trop axé sur des appels à projets nous pousse vers une grande spécialisation, source de fragilité sur le long terme. La SMAI réaffirme son attachement à une pérennité des financements récurrents accordés aux laboratoires et instituts dans un maillage couvrant tout le territoire.
La SMAI a toujours oeuvré, par ses statuts, pour l’interaction entre le monde académique et le monde de l’entreprise. Elle est, par exemple, à l’origine du forum emploi maths et a contribué à la création du labex AMIES. Elle estime donc, forte de son expérience, que l’ osmose de la recherche avec les acteurs économiques serait meilleure si elle était facilitée par un système plus simple, plus stable, et moins soupçonneux. Il laisserait le temps de développer au cours d’une carrière et une recherche académique et une recherche en partenariat avec le monde socio-économique.

Ces mêmes systèmes compétitifs ont permis aux éditeurs gloutons la spoliation des modèles stables de publication.

Ils ont également montré leur faiblesse quant à la féminisation et l’égalité femme/homme dans les métiers de la recherche, féminisation et parité qui devraient être une des priorités plus qu’affichée de la LPPR. Commencer par la résolution vertueuse de ces problèmes de parité n’aiderait-il pas à la résolution de tous les maux que la LPPR prétend guérir ?

La SMAI souhaite enfin rappeler qu’une très grande majorité des collègues de notre communauté s’investissent sans compter dans un travail (dont des missions nationales et sociales faites avec une grande qualité) qu’ils ou elles aiment.


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