[Liste Smai] Motion du CS du CNRS sur les Labex
Message venant du serveur de liste de la SMAI
http://smai.emath.fr/spip.php?article35
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Chers collègues,
pour votre information, voici une motion du Conseil Scientifique du
CNRS qui jette un certain éclairage sur cette période de projets qui
se finissent tous en ex... désolé de vous déranger si vous l'aviez
deja reçu par ailleurs.
Vous pouvez la retrouver sur le site de la SMAI http://smai.emath.fr/spip.php?article291
Bien cordialement,
Antoine Lejay,
Secrétaire Général de la SMAI
Conseil scientifique du CNRS du 15 novembre 2010
« Recommandation du CS du CNRS sur les Labex »
Dès sa première réunion, le 15 novembre 2010, le nouveau Conseil
Scientifique du CNRS souhaite s’exprimer sur le volet recherche du
Grand Emprunt. Une partie importante de la somme versée au titre des «
investissements d’avenir » sera en réalité prélevée sur le budget de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, comme l’indique un
document de la Présidence de la République. De fait, les informations
fournies par la direction du CNRS permettent de prévoir une diminution
de plus de 10 % des crédits de fonctionnement en 2011. Le financement
par le Grand Emprunt va ainsi contribuer à réduire le soutien de base
aux laboratoires, qui est pourtant largement considéré comme le seul
susceptible de soutenir des recherches originales, indépendantes des
modes.
Dans le cadre de ce Grand Emprunt, de nombreux appels d’offres ont été
lancés à l’été 2010 — Equipex (équipements d’excellence), Labex
(laboratoires d’excellence), Idex (Initiatives d’excellence), SATT
(sociétés d’accélération du transfert de technologie), IHU (Instituts
Hospital-Universitaires) —, obligeant les candidats, dans l’urgence, à
élaborer des projets scientifiques et à définir des nouvelles
structures. Pour les Labex, la première étape passait par le
regroupement d’équipes notées A+ par l’AERES, qui a fonctionné comme
une agence de notation, et non pas d’évaluation, loin de la mission
qui était celle du Comité National.
En France, la recherche publique est effectuée pour l’essentiel dans
des UMR, laboratoires qui dépendent à la fois des EPST et des
universités. Compte tenu des moyens qui y sont affectés, ce système
fait preuve d’une efficacité reconnue internationalement. Avec les
Labex et les Idex (ces derniers regrouperont « 5 à 10 pôles
pluridisciplinaires d’excellence », sélectionnés eux-mêmes en fonction
de la présence des Labex), c’est la notion même de laboratoire qui va
disparaître. Constitués souvent sur la base d’équipes ou de chercheurs
venant de laboratoires différents, ces Labex vont inévitablement
fragiliser la structure UMR, en la déstructurant. La nouvelle
gouvernance issue de la formule Labex/Idex orientera le travail de
recherche selon des procédures qui ne sont pas celles des EPST et
universités, en particulier sans les conseils qui comprennent des élus
du milieu.
Beaucoup de scientifiques ont postulé à ces nouvelles structures non
pas parce qu’ils les approuvent, mais parce qu’ils ne veulent pas
prendre le risque de se retrouver demain hors-jeu, sans le label «
Labex » que très peu obtiendront, et qui est annoncé comme le sésame
pour obtenir les moyens de travailler, puisque le soutien de base
semble appelé à disparaître. Quel sort sera réservé à la grande
majorité des laboratoires, qui n’auront pas de Labex ?
Dans cette recommandation, le CS du CNRS se fait l’écho de
l’inquiétude et du désaccord de la communauté scientifique face aux
bouleversements engagés de la gouvernance et du mode de financement de
la recherche, dont absolument rien n’indique qu’ils soient de nature à
apporter une amélioration de l’efficacité du système de recherche en
France.
Le CS alerte les responsables politiques et les dirigeants des EPST et
des universités : la déstructuration permanente par création
incessante de nouvelles structures qui s’ajoutent aux précédentes et
les déstabilisent, la destruction des modes de gouvernance existants
imposés aux scientifiques au lieu d’être élaborés avec eux, risquent
d’avoir des effets très négatifs sur la recherche publique de notre
pays.
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