Hommage à Laurent Schwartz

Laurent  Schwartz vient de nous quitter le 4 juillet dernier. La mort d'un des mathématiciens les plus marquants de notre siècle suit de près celle d'un autre grand personnage, Jacques-Louis Lions, qui fut l'un de ses élèves. La disparition de ces deux personnalités est une perte immense pour la communauté mathématique internationale.
Le nom de Laurent Schwartz demeurera lié à la Théorie des distributions dont il fut le créateur et pour laquelle il reçu la Médaille Fields en 1950 . Il avait également participé à l'aventure Bourbaki. Excellent pédagogue dont l'enseignement a marqué et enchanté des générations d'étudiants de l'Université et de l'Ecole polytechnique, il n'en  était pas moins un intellectuel engagé. Militant infatigable et résolu de la défense des Libertés et des Droits de l'Homme, Laurent Schwartz était un opposant  aux guerres, notamment celles  de l'Algérie et du Viet-Nam. Son engagement dans l'affaire du jeune mathématicien, Maurice Audin,  pendant la guerre d'Algérie, témoigne de son action humanitaire et généreuse. Son nom restera aussi associé à la défense de mathématiciens persécutés pour leurs idées à travers le monde, tels que Macera et Plioutch.
Enfin, Laurent Schwartz  a été l'un des plus grand collectionneurs de papillons que la France ait connue. Il effectuait souvent des voyages pour les étudier. Sa collection personnelle (avec ses spécimens tropicaux) est considérée comme l'une des plus grande et des plus variée de France.
Nous nous associons à la douleur de sa famille.

Michel Théra, président de la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles



" L'invention des distributions eut lieu à Paris, au début de novembre 1944. La découverte, subite, se produisit en une seule nuit. C'est là un phénomène assez fréquent, que j'ai vécu plusieurs fois dans ma vie. L'image de la découverte est bien différente de celle que le grand public se représente : selon lui on progresse du début à la fin par des raisonnements rigoureux, parfaitement linéaires, dans un ordre bien déterminé et unique qui correspond à la logique parfaite. Les zigzags lui sont inconnus. C'est dommage. Cela rend les mathématiques (et toutes les sciences) trop rigides, moins humaines, plus inaccessibles, puisqu'elles ne donnent pas le droit à l'hésitation et à l'erreur. "

Laurent Schwartz

Un mathématicien aux prises avec le siècle (Paris - Éditions Odile Jacob, 1997)